Récemment, la technologie de l’impression 3D (ou fabrication additive) a de nouveau été citée comme l’une des technologies majeures de l’industrie 4.0. Il ne s’agit plus d’être dans la prospective et d’imaginer comment l’impression 3D peut révolutionner l’industrie, notamment le secteur des pièces détachées. C’est un fait, cette technologie disruptive a déjà entamé la transformation de cette activité.
Depuis quelques années par exemple, Thalès Alenia Space (issue de la joint-venture entre Thales et Leonardo) équipe ses satellites d’une antenne fabriquée de manière additive plus légère que celles produites précédemment et cela grâce à la technologie 3D. L’autre avantage de ce procédé est qu’il est possible pour l’entreprise de fabriquer une antenne en un seul morceau plutôt que d’avoir à assembler différentes pièces. Cela présente aussi l’intérêt pour cette entreprise d’optimiser ses coûts et temps de production mais aussi de créer plus rapidement des pièces complexes.
Une croissance à deux chiffres
Le marché de l’impression 3D est en pleine croissance et promis à un réel avenir industriel. L’année dernière, ses revenus ont connu une progression de 18% par rapport à l’année précédente. Les activités B-to-B sont la principale source de son développement : les entreprises se sont en effet procurées 88 000 imprimantes 3D en 2016.
Les constructeurs et entreprises de services de plus en en plus nombreux à s’intéresser à la fabrication additive
La technologie n’est pas encore assez mature pour produire des pièces à grande échelle. Cependant, pour des secteurs complexes tels que l’aéronautique, la construction, le ferroviaire ou l‘industrie médicale qui nécessitent des pièces uniques ou sur-mesure et dans des délais très courts voire dans l’immédiateté, la fabrication additive présente un vif intérêt.
Thalès n’est pas le seul acteur dans l’aérospatial à utiliser la fabrication additive. En effet, Airbus s’appuie, lui aussi, sur l’impression 3D pour la production de modèle d’attaches en métal présentes sur ses satellites. D’après l’entreprise, ce procédé aura permis de produire plus aisément des pièces uniques, de réduire de 20% les coûts de production et d’alléger également le poids de ses satellites ce qui entraine une baisse du niveau de consommation de carburant.
L’impression 3D est également devenue monnaie courante dans l’aéronautique pour la production de pièces détachées et pièces d’outillage. Cela permet, à l’instar de l’aérospatiale, de réduire le poids des appareils (et donc réaliser des économies de carburant également !) mais aussi de limiter leurs temps d’arrêt en assurant une maintenance dans de plus brefs délais.
Autre exemple, la SNCF s’intéresse fortement à cette technologie pour assurer une disponibilité optimale de ses trains et limiter les interruptions de trafic. Bien que cela soit encore en phase de projets, certaines pièces de rechange pourront ainsi être bientôt imprimées en 3D d’après le Département Innovation et Recherche du groupe.
Repenser les business modèles pour favoriser une croissance pour tous
Thales a inauguré récemment la création d’un centre de compétences industriel au Maroc pour internaliser sa production de pièces avec le procédé de fabrication additive. Que se passerait-il si tous les grands industriels décident d’adopter la même stratégie ? Quid pour les entreprises de taille intermédiaire et plus petites entreprises qui pourront d’ici quelques années intégrer à un prix attractif la technologie d’impression 3D ?
Disruptive, l’impression 3D représente bien l’idée de la destruction créative. Permettant aux constructeurs et entreprises de services d’optimiser la performance à la fois de leur chaine d’approvisionnement et de leurs produits, elle peut représenter une menace pour les fournisseurs de pièces.
Les fournisseurs de pièces détachées doivent mesurer les enjeux que représentent la fabrication additive pour ne finir par disparaitre ou du moins perdre de vastes parts de marché. Le cas de l’entreprise Initial montre que ces fournisseurs peuvent eux aussi bénéficier de l’impression 3D et que celle-ci n’est pas nécessairement une menace pour eux. Spécialisée dans la production de pièces détachées, Initial réalise aujourd’hui 15% de ses pièces grâce à l’impression 3D et s’est fixée un objectif de 85% à court terme avec le développement de la technologie qui permettra davantage de possibilités en termes de réalisation et de coûts.
Cette stratégie est certainement la bonne et va dans le sens de la création d’un écosystème global allant du fournisseur de la pièce au constructeur jusqu’au client final, permettant à la fois de développer la technologie de l’impression 3D tout en optimisant les coûts et la performance de chaque maillon de cette chaine.
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